Si la retraite peut être synonyme d’oisiveté, en revanche, s’y préparer n’est pas facile ! Si vous êtes né en 1958 et que vous pouvez potentiellement partir à 62 ans, ou si vous êtes né en 1960 et pouvez prétendre à une retraite anticipée, par exemple pour une longue carrière, pas de temps à perdre : suivez pas à pas notre feuille de route pour faire valoir vos droits.
Si vous êtes né en 1962 au plus tard et que vous souhaitez cesser toute activité professionnelle avant 2025, année initialement prévue pour l’introduction du futur régime universel, prenez déjà certaines de ces mesures : cela facilitera votre demande de pension demain.
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1 – Créez votre compte de retraite
Tous vos droits à pension, c’est-à-dire tous les trimestres acquis dans les régimes de base (maximum quatre cotisants par an sous réserve d’avoir reçu un salaire suffisant) et les points acquis en les régimes complémentaires, sont regroupés depuis trois ans sur un seul portail : Info-Retraite.fr. À la fin de 2019, ce site officiel comptait plus de quatre millions d’inscrits.
Il inclut évidemment les informations disponibles sur les plateformes des grands régimes de retraite, comme celle du régime général (Lassuranceretraite.fr), le régime complémentaire pour les salariés (Agirc-Arrco.fr), le régime des fonctionnaires de l’État (Retraitesdeletat.gouv.fr), ou sur les sites de certains professionnels et microentrepreneurs (Lacipav.fr). Le portail propose de nombreux services supplémentaires, tels qu’un simulateur du montant probable des pensions futures.
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2 – Modifiez votre rapport de situation
Le rapport de situation, disponible dans votre compte personnel sur Info-Retraite.fr, est un document essentiel. Année après année, depuis votre premier emploi, il résume les revenus pour lesquels vous avez versé des cotisations et éventuellement validé d’un à quatre trimestres pour les plans de base, ainsi que des points dans les plans supplémentaires.
Même si cette déclaration devait en principe parvenir à votre dernier domicile connu à 55 et 60 ans en particulier, il est prudent de faire une demande en ligne chaque année vers la mi-avril, une fois que toutes les déclarations sociales enregistrées de l’année précédente ont été enregistrées par le système général, afin de découvrir d’éventuelles erreurs. Veillez à ne pas confondre ce document avec le parcours professionnel, qui se limite uniquement aux droits acquis dans le cadre des régimes de base.
3 – Vérifiez vos conditions
La durée d’assurance, exprimée en nombre de trimestres, est un élément clé du système actuel car elle est une condition pour obtenir des pensions calculées à taux plein. Dans ces dernières années, elle n’a cessé d’augmenter : si vous êtes né en 1958, 1959 ou 1960, vous devez avoir cotisé 167 trimestres au moins, tous régimes confondus, pour réclamer des pensions non réduites. Né en 1961, 1962 et 1963, il a 168 ans. « Ce total figure sur votre rapport d’état, mais vous ne devez pas le prendre pour argent comptant.
Par exemple, les périodes passées à l’étranger ne sont pas toujours mentionnées », note Dominique Prévert, associé directeur d’Optima, une société spécialisée dans la vérification et le calcul des pensions. D’où vient l’importance de chronométrer les quarts et, si nécessaire, de demander un réajustement en ligne.
4 – Trouvez la date de votre plein tarif
Parce qu’aucune carrière professionnelle ne ressemble à une autre, vous pouvez atteindre votre plein taux à 62 ans, l’âge légal de départ, mais aussi avant ou après. En fonction du nombre de trimestres acquis, identifiez quand vous atteignez ce fameux taux. Additionnez tous les trimestres qu’il vous reste à gagner de vos cotisations et ceux auxquels vous avez droit : pour par exemple, les quatre ou cinq trimestres pour le service national ou les huit par enfant né avant 2010 alloués aux mères ayant un emploi.
Distinguez-les ensuite selon leur nature. Pourquoi ? Parce que dans le cadre d’un départ anticipé à partir de 60 ans pour une longue carrière (accessible si vous avez cotisé cinq trimestres avant la fin de l’année où vous atteignez 20 ans), seuls les trimestres cotisés au sens strict du terme sont pris en compte, et non les augmentations pour maternité, par exemple. En outre, toujours dans le cadre de ce système, les réglementations ne retiennent que quatre quarts de maladie et quatre quarts de chômage au plus pour l’ensemble de la carrière professionnelle, alors qu’ils ne sont pas plafonnés pour une carrière plus traditionnelle. Si vous additionnez davantage, ils ne seront pas ajoutés et votre âge de plein tarif pourrait être ramené à 62 ans !
5 — Évaluez vos futures pensions
Pour vous aider à positionner correctement votre date de départ, le montant de vos futures pensions ne doit pas être négligé. Parce que au-delà de vos conditions de travail, de votre situation personnelle, de vos envies et du fait que vous ayez atteint ou non le fameux plein taux, un autre critère est essentiel : ce dont vous avez besoin en euros durs et trébuchants pour vivre pleinement votre retraite. Pour ce faire, utilisez le service « Estimez ma retraite » en ligne sur Info-retraite.fr et n’hésitez pas à tester, comme proposé, différentes hypothèses de fin de carrière : favorables (augmentation de salaire ou d’honoraires par exemple) ou défavorables (diminution ou absence totale de revenus). Vous verrez ainsi vos différentes estimations des pensions à partir de l’âge légal.
Si vous avez eu ou avez élevé trois enfants pendant au moins neuf ans avant leur seizième anniversaire, dans la mesure où vous pouvez le justifier, pensez à ajouter à ces montants l’augmentation de 10 % accordée à chaque parent.
6 – Prenez en compte lapénalité de l’Agirc-Arrco
En vigueur depuis un an, la pénalité Agirc-Arrco de 10 % pendant trois ans est d’autant plus pénalisante pour les salariés du secteur privé que la pension complémentaire est importante. Sauf exception (vous êtes reconnu invalide ou inapte au travail…), il le diminuera si vous partez dès que vous atteignez votre plein tarif.
Évaluez-le pour prendre votre décision : pour une pension Agirc-Arrco de 3 000 euros bruts par mois, elle représente 10 800 euros au total (300 euros/mois x 36 mois). Si vous reportez votre départ un an après le plein tarif, cette pénalité disparaîtra complètement et vos pensions seront augmentées (par le jeu d’un supplément de 5% sur votre pension de base et de points Agirc-Arrco supplémentaires).
Si vous reportez encore plus votre départ, vous pouvez également bénéficier d’une prime ( 10 %, 20 % ou 30 % selon les cas) sur votre rente Agirc-Arrco pendant un an. Enfin, si vous ne partez pas à plein tarif, mais avec un quart de moins à 62 ans ou plus, vos pensions seront assujetties à des rentes viagères (c’est-à-dire permanentes). Mais, à long terme, cette option, qui devrait être quantifiée au préalable avec un conseiller en prévoyance, peut s’avérer moins coûteuse que la pénalité elle-même.
7 – Fixez votre date d’entrée en vigueur à la retraite
Vous devez indiquer au régime de retraite auquel vous êtes rattaché une date d’entrée en vigueur, le point de départ « officiel » de votre retraite : il ne peut s’agir que du premier jour d’un mois civil. Vous êtes pressé de profiter de votre temps libre ? Rien ne vous empêche de fixer votre chronométrage sans tenir compte de la pénalité d’Agirc-Arrco si cela ne vous importe pas.
Quoi qu’il en soit, soyez vigilants. En effet, fixer sa date de début au 1er mars, au 1er juin, au 1er septembre ou au 1er décembre revient à vous priver d’un trimestre de retraite alors que « pour bénéficier d’un trimestre supplémentaire, il suffit de travailler un mois de plus », note Dominique Prévert. Dans le même esprit, à l’inverse, à partir du 1er janvier, et non du 1er décembre, vous d’augmenter mécaniquement votre future pension de base, puisque votre dernière année de salaire (qui est souvent la meilleure) sera complète, gonflant ainsi votre salaire annuel moyen (SAM), un paramètre de calcul important qui prend en compte les vingt-cinq meilleures années de votre carrière.
8 – Ne négligez pas la date de départ à la retraite
Ils sont souvent oubliés, mais chaque retraite a des impacts collatéraux. Ainsi, il est préférable de partir en début d’année et de recevoir votre allocation de fin de carrière, vos congés payés et autres primes à ce moment-là, afin de ne pas voir votre taux de retenue à la source mal tourner. En ce qui concerne la protection sociale, renseignez-vous sur le mode de calcul de votre allocation de fin de carrière car certaines conventions collectives sont basées sur des années civiles complètes : dans ce cas encore, il vaut mieux partir en début d’année pour bénéficier d’une allocation supplémentaire.
9 — Respectez certains délais
Sur Info-Retraite.fr, vous pouvez liquider toutes vos pensions en ligne (et joindre simultanément des scans ou des photos des pièces justificatives), quels que soient les régimes auxquels vous avez contribué, à quelques exceptions près : retraite anticipée en amiante, départ anticipé pour invalidité ou difficultés, notamment. Cette approche vous permet également d’être informé en temps réel de l’évolution de votre dossier.
Si vous préférez, vous pouvez demander, pour votre retraite de base et complémentaire, au fonds régional de l’un des régimes dont vous dépendez : par exemple, si vous êtes salarié en France métropolitaine, la pension et caisse d’assurance maladie du travail (Carsat) ou la Cnav en Ile-de-France.
10 – Vérifiez vos notifications de pension
Le premier versement de vos pensions respectives a lieu en temps voulu pour les plans de base, c’est-à-dire au début du mois de mars 2020 pour une demande d’effet de retraite le 1er février, mais à l’avance et au début du mois pour l’Agirc-Arrco. Avant de le recevoir, chaque régime vous envoie un avis de pension. Vérifiez les différents paramètres : date de départ, taux d’allocation de la pension de base (50% si vous partez à plein régime), augmentation éventuelle (si vous avez travaillé après la date d’obtention du plein taux), augmentation de 10% pour trois enfants ou plus, augmentation de 5% de la pension Agirc-Arrco pour personne à charge fiscale enfants…
Vous avez deux mois à compter de la date d’émission du document par le régime général pour signaler une erreur (de préférence par courrier recommandé), sans que cela compromette la date d’entrée en vigueur demandée « puisque, dans ce cas, un paiement rétroactif sera effectué », souligne Tamer Hagag. Du côté de l’Agirc-Arrco, vous devez savoir que la première notification est provisoire et indique uniquement le montant qui vous sera immédiatement versé, avec pénalité le cas échéant. Il n’y a pas de limite de temps pour la contester. Ce n’est que six mois plus tard qu’une notification définitive vous parviendra.