Mise sous protection juridique : Qui peut en faire la demande ?

15 juillet 2025

Un membre de la famille ne détient pas systématiquement le droit de demander une mesure de protection pour un proche en situation de vulnérabilité. La législation française encadre strictement la liste des personnes habilitées à saisir le juge des tutelles, limitant parfois l’initiative aux seuls parents proches ou au procureur de la République.

Certains professionnels de santé peuvent aussi intervenir directement, mais leur rôle reste conditionné par des circonstances précises. L’ouverture d’une procédure exige le respect de formalités précises et la constitution d’un dossier médical circonstancié. Toute demande non conforme peut être rejetée d’office.

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Comprendre la protection juridique des majeurs vulnérables : enjeux et objectifs

La protection juridique des majeurs, encadrée par le code civil et la loi n° 2007-308 du 5 mars 2007, s’adresse à ceux dont l’autonomie se trouve fragilisée par l’âge, la maladie ou un handicap. Deux priorités guident ce dispositif : préserver la personnalité et la dignité du majeur, mais aussi garantir la gestion de ses biens. Le champ des mesures est large, s’adaptant à la réalité du terrain. De la sauvegarde de justice temporaire à la curatelle ou à la tutelle, chaque option répond à un besoin précis.

Voici les principales formes de protection prévues par la loi :

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  • Sauvegarde de justice : solution provisoire, souvent mise en place le temps qu’une évaluation approfondie permette de statuer sur une mesure durable.
  • Curatelle : le majeur garde la main sur sa vie quotidienne, mais reçoit de l’aide pour les actes les plus lourds, afin d’éviter les excès ou les erreurs préjudiciables.
  • Tutelle : la représentation devient quasi totale, lorsque la personne n’est plus en état de s’exprimer ou de faire valoir ses propres choix.
  • Habilitation familiale : un membre de la famille prend le relais pour éviter une intervention judiciaire plus lourde, dans le respect de l’intérêt du majeur.

Mettre en place une protection ne relève jamais de l’automatisme. Il s’agit de trouver le juste équilibre entre la nécessité d’agir et le respect des libertés individuelles : droits civiques, vie privée, gestion du patrimoine. Le juge, pièce centrale du dispositif, s’appuie sur un certificat médical circonstancié et respecte la parole du majeur à chaque étape. L’objectif ? Retenir la mesure la moins contraignante possible. La tutelle, la plus restrictive, ne s’envisage qu’en dernier recours, si la sauvegarde de l’autonomie s’avère impossible autrement.

Qui peut demander une mise sous protection juridique ?

Qui a la possibilité de saisir le juge pour une demande de mise sous protection juridique ? La famille n’est pas la seule à pouvoir initier la démarche. La loi prévoit plusieurs acteurs susceptibles d’alerter la justice lorsqu’une personne adulte devient vulnérable.

Voici les personnes et entités pouvant engager la procédure :

  • La personne majeure elle-même, consciente de ses difficultés, peut anticiper son besoin de protection et demander la mesure.
  • Un membre de la famille, conjoint, partenaire de PACS, parent direct, frère ou sœur, bénéficie d’une priorité dans l’ordre des demandeurs. Ce choix privilégie la confiance et la proximité des liens familiaux.
  • Un proche, sans lien de parenté mais présent au quotidien, peut aussi intervenir si la relation s’inscrit dans la durée et la stabilité.
  • Le procureur de la République, souvent alerté par un professionnel de santé, un travailleur social ou un établissement spécialisé, agit dans le cadre de sa mission de protection des personnes vulnérables.

Chacune de ces démarches doit reposer sur la transparence et la motivation. L’anonymat n’a pas sa place : le dossier doit comporter un certificat médical circonstancié ainsi que des justificatifs solides sur la situation. Le juge s’attache à vérifier la légitimité du demandeur et la réalité du lien avec la personne concernée, pour éviter toute instrumentalisation ou démarche abusive.

La liste des personnes habilitées à agir demeure donc limitée, avec un objectif clair : garantir que la mise sous protection juridique serve une véritable situation de vulnérabilité, sans priver inutilement le majeur de sa capacité d’agir.

Étapes clés et démarches pour déposer une demande

Avant d’envisager une mesure, il faut bâtir un dossier solide. Tout commence par le certificat médical circonstancié, délivré par un médecin agréé auprès du procureur de la République. Ce document détaille l’état de santé du majeur, que l’altération soit physique ou mentale. Sans ce certificat, la demande ne peut aboutir.

Pour que la requête soit recevable, il s’agit de réunir plusieurs pièces : copie d’identité, état civil, description de la situation familiale et patrimoniale. Il est recommandé d’indiquer précisément la mesure envisagée, d’expliquer le choix et de nommer la personne pressentie pour exercer la mission, si la famille a un candidat.

Une fois le dossier complet, le juge des tutelles du tribunal judiciaire du lieu de résidence du majeur reçoit la demande. Le juge convoque ensuite la personne concernée, sauf si son état l’en empêche. L’audition permet de recueillir son avis, d’entendre la famille ou les proches, de consulter le médecin. À l’issue de cette phase, le juge décide de la mesure la plus appropriée : curatelle, tutelle ou mandat spécifique. La durée de la mesure, fixée d’emblée, ne dépasse pas cinq ans sauf situation médicale irréversible. Il reste possible de contester la décision dans les quinze jours qui suivent la notification.

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Accompagner un proche : conseils pratiques pour les familles

Soutenir un parent sous protection juridique suppose implication, vigilance et délicatesse. Lorsque la justice confie la mission à un tuteur ou à un curateur familial, la confiance prévaut, mais les obligations demeurent nombreuses. Il faut tenir un compte de gestion rigoureux, établir l’inventaire du patrimoine dès le début, surveiller l’utilisation des ressources et rendre compte au juge des tutelles de chaque décision majeure.

Le dialogue reste la clé, même dans les moments difficiles. En pratique, la personne protégée conserve certains droits fondamentaux : voter, se marier, choisir ses relations. Il convient de respecter ses choix autant que possible, de l’informer sur les décisions prises et de maintenir la confiance. Ce lien préserve sa dignité et son autonomie malgré la mesure.

L’accompagnement ne s’arrête pas aux démarches administratives. Il faut aussi anticiper les besoins, encourager la vie sociale, solliciter un mandataire judiciaire à la protection des majeurs (MJPM) ou demander l’avis du conseil de famille en cas de difficulté.

Voici quelques réflexes à adopter pour remplir ce rôle dans les meilleures conditions :

  • Vérifiez systématiquement que chaque document envoyé au juge soit bien daté, signé et conservé pour faciliter le suivi.
  • N’hésitez pas à demander un contrôle du compte de gestion si une opération vous semble inhabituelle ou problématique.
  • Tournez-vous vers des associations spécialisées pour bénéficier d’un accompagnement et rompre l’isolement face à la complexité des démarches.

C’est souvent dans la discrétion et la constance que se construit la véritable protection : une vigilance de tous les instants, respectueuse des droits et des choix de la personne concernée, pour que la vulnérabilité ne rime jamais avec effacement.

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