Un médecin généraliste ne peut pas systématiquement évaluer la dépendance d’une personne âgée avec la grille AGGIR sans avoir suivi une formation spécifique. Dans certains départements, des évaluateurs sociaux ou paramédicaux sont autorisés à remplir cette grille, mais uniquement sous l’égide d’une équipe médico-sociale désignée par le conseil départemental.
La reconnaissance des compétences requises varie selon les territoires, alors qu’une uniformisation nationale semble attendue depuis des années. Des divergences subsistent sur le profil exact des professionnels habilités, ainsi que sur la validité des évaluations réalisées hors cadre réglementaire.
La grille AGGIR : un outil clé pour évaluer la perte d’autonomie
La grille AGGIR reste la référence nationale pour évaluer la perte d’autonomie chez les personnes âgées. Que ce soit à domicile ou en EHPAD, elle structure l’accès à l’APA et façonne le plan d’aide personnalisé. Son utilisation va bien au-delà de la simple formalité : chaque critère a son poids, chaque observation compte.
Concrètement, la grille s’appuie sur 10 variables discriminantes et 7 variables illustratives. On y trouve les gestes du quotidien : cohérence, orientation, toilette, habillage, alimentation, élimination, transferts, déplacements (dedans et dehors), communication à distance. Les variables illustratives, elles, concernent la gestion, la cuisine, le ménage, le transport, les achats, la prise de traitement et les loisirs. L’évaluateur s’attache à ce que la personne accomplit normalement, sans valoriser un effort ponctuel.
La détermination du GIR (groupe iso-ressources) découle directement de cette observation. Chaque GIR correspond à une réalité précise, du GIR 1 (dépendance totale) au GIR 6 (autonomie complète). Le classement, strict, influence le montant et le type d’aides attribuées.
Une révision de la grille AGGIR est attendue pour 2025, mais elle demeure aujourd’hui l’instrument central pour une évaluation équitable et partagée de la dépendance. Son maniement, réservé aux équipes médico-sociales, structure l’accompagnement et le maintien de l’autonomie des personnes âgées.
Quels sont les niveaux de dépendance mesurés par la grille AGGIR ?
La grille AGGIR divise la dépendance en six groupes appelés GIR (groupes iso-ressources). Ce classement affinera la réponse apportée aux besoins réels d’aide, dans chaque situation de vie.
- GIR 1 : la personne a perdu toute autonomie et nécessite une aide constante, de jour comme de nuit. Elle dépend d’autrui pour tous les actes essentiels et requiert une surveillance continue.
- GIR 2 : la dépendance reste très forte. Une assistance est requise pour la majorité des activités quotidiennes, même si la personne peut encore s’exprimer ou échanger.
- GIR 3 : si l’autonomie intellectuelle est préservée, une aide physique devient indispensable plusieurs fois par jour, notamment pour les soins corporels.
- GIR 4 : une assistance est utile pour certaines tâches physiques, telles que s’habiller ou se lever, alors que la marche à l’intérieur du logement demeure possible.
- GIR 5 : la personne mène sa vie de façon autonome, mais une aide ponctuelle peut être nécessaire pour la toilette, l’entretien du logement ou la préparation des repas.
- GIR 6 : l’autonomie est intacte, tous les actes de la vie courante sont réalisés sans aide extérieure.
À retenir : seuls les GIR 1 à 4 ouvrent droit à l’APA (allocation personnalisée d’autonomie). Ceux classés en GIR 5 ou 6 peuvent solliciter une aide-ménagère ou se tourner vers leur caisse de retraite pour des aides spécifiques. L’évaluation s’applique aussi bien à domicile qu’en établissement, conditionnant les aides financières et humaines attribuées.
Remplir la grille AGGIR : qui est habilité et quelles compétences sont requises ?
L’évaluation via la grille AGGIR exige une intervention structurée. Le plus souvent, ce sont les équipes médico-sociales du conseil départemental qui se déplacent, que la personne vive chez elle ou en EHPAD. Leur rôle : mesurer avec précision la perte d’autonomie et déterminer le GIR. Dans certaines situations, le médecin traitant ou le médecin coordinateur de l’établissement peut intervenir, par exemple pour trancher dans des cas complexes ou valider des constats.
La grille s’articule autour de dix variables discriminantes (cohérence, orientation, toilette, habillage, alimentation, élimination, transferts, déplacements intérieurs et extérieurs, communication à distance). Ces critères, observés dans la vie de tous les jours, déterminent le GIR. Sept variables illustratives viennent compléter ce portrait (gestion, cuisine, ménage, transport, achats, suivi du traitement, loisirs), pour affiner le plan d’aide.
Quelles compétences pour évaluer avec justesse ?
L’évaluation exige une double compétence : maîtrise clinique et sens de l’écoute. L’évaluateur interroge la personne, prend en compte les témoignages des proches, observe les gestes quotidiens. Impartialité, connaissance approfondie du vieillissement, capacité à replacer chaque observation dans le contexte du vécu réel : voilà ce qui fait la différence. Ce n’est pas l’instantané qui compte, mais la régularité des difficultés et la façon dont l’environnement les influe.
Remplir cette grille engage la responsabilité de l’évaluateur. Le conseil départemental encadre le processus, veille à la formation continue des équipes et au respect des règles. Chaque évaluation conditionne l’accès à l’APA et module les droits de la personne âgée.
Ressources utiles pour mieux comprendre l’évaluation de l’autonomie
Pour démêler le fonctionnement de la grille AGGIR et l’évaluation de la perte d’autonomie, plusieurs ressources fiables sont à disposition. La CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) met à disposition un simulateur de GIR en ligne, idéal pour comprendre le classement en groupes iso-ressources à partir de situations concrètes. Cet outil permet d’obtenir une première estimation de la dépendance, avant l’évaluation officielle menée par une équipe médico-sociale.
Le conseil départemental reste le point de contact central : il délivre l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) et guide vers les solutions adaptées, qu’il s’agisse d’une aide à domicile, d’un accompagnement en établissement, ou de la téléassistance. Les agents départementaux accompagnent la constitution du dossier et expliquent les démarches, y compris la possibilité de réexaminer le GIR si l’état évolue. Un guide pratique, disponible en mairie ou sur internet, détaille chaque étape du processus.
Voici quelques repères pour s’orienter :
- Site de la CNSA : informations officielles, simulateur de GIR
- Services d’action sociale du conseil départemental : conseils personnalisés, documentation
- Associations d’aidants : échanges d’expériences sur l’autonomie, conseils pratiques
La réévaluation du GIR peut être sollicitée à tout moment si la situation de la personne évolue. L’entourage joue alors un rôle clé, en signalant les changements et en facilitant l’ajustement du plan d’aide. Pour chaque question, l’appui des professionnels de terrain, médecins, infirmiers coordinateurs, assistantes sociales, fait toute la différence. Leur expérience concrète complète utilement les ressources institutionnelles et permet une évaluation respectueuse, fidèle à la réalité de la personne âgée.
Au bout du compte, la grille AGGIR trace le fil rouge de l’accompagnement. Son application juste et humaine, c’est la promesse d’un soutien adapté, réactif, et surtout, à la hauteur de chaque histoire individuelle.


